La France est le pays champion pour les réformes électorales. Chaque fois qu'un camp est au pouvoir, il fait sa réforme. Le problème est qu'elle ne repose pas sur des causes structurelles et des grands principes, mais des causes conjoncturelles; il s'agit de magouiller pour avoir la majorité.
On se rappelle que l'UMP avait proposé, quelques jours avant le premier tour des présidentielles, d'introduire une dose de proportionnelle aux législatives. Bien entendu, il "tait clair que c'était uniquement pour tenter de capter quelques voix qui auraient pu se porter sur Le Pen, et que cela ne correspondait à aucune conviction de fond. D'ailleurs, dès le deuxième tour, on n'a plus entendu parler de cette proposition.
Deux nouvelles propositions viennent d'être faites:
La première proposition concerne les élections régionales:
Jusqu'en 1998, l'élection se faisait à un tour, les sièges étant répartis à la proportionnelle intégrale parmi les listes qui ont fait plus de 5%. Problème pour le RPR de l'époque, on arrivait à des conseils régionaux où le RPR seul n'avait pas la majorité, mais pouvait l'avoir avec le FN, FN qui était prêt à voter pur un président de droite et à le soutenir, moyennant un droit de regard sur le programme politique. Ce genre d'alliances s'était déjà produit dès 1986, et cela s'était très bien passé. Mais en 1998, et alors que la gauche socialiste continue à s'allier aux staliniens du PCF, le RPR cède dans un certain nombre de régions aux pressions médiatiques et préfère élire un président de gauche, plutôt que d'être élu par le FN. Le président de gauche est donc élu, avec un conseil en majorité de droite! Une cohabitation d'un nouveau genre.
Après 2002, l'UMP fait deux modifications, elle instaure un deuxième tour avec un seuil de 10%, et elle donne une prime à la liste arrivée en tête. Cette réforme nécessite l'emploi de l'article 49-3, tant les réticences sont grandes. Tous les partis politiques à l'exception de l'UMP sont contre la réforme. La réforme est partiellement invalidée par le conseil constitutionnel mais finalement votée.
Résultat: l'UMP au soir du premier tour refuse toute fusion avec les listes du FN, cela donne des triangulaires UMP PS/divers gauche FN, et la gauche qui est minoritaire prend la tête des conseils régionaux grâce à la prime pour la liste majoritaire.
La droite voudrait revenir sur ce mode d'élection (c'est à dire que le mode d'élection de 2004 n'a servi qu'une seule fois) et voudrait repasser à la proportionnelle.
Pour moi, il s'agit une fois de plus d'un effet d'annonce qui ne sera pas concrétisée. Nous verrons bien. Si la droite met en place une telle réforme, c'est qu'elle encore plus stupide que je ne le pensais.
La deuxième concerne les législatives:
Alors que le mode d'élection favorise les gros aux dépens des petits, et surtout aux dépens de la droite nationale qui n'a eu aucun député depuis bien longtemps, alors qu'elle représente un grand nombre de Français, l'UMP voudrait accélerer le bipartisme en décidant que les élections législatives se feraient à un seul tour, celui qui est arrivé en tête gagne.
Beaucoup de personnes risquent donc de voter directement pour l'UMP ou le PS, au lieu de voter au premier tour pour un parti de la droite nationale ou de l'extrême gauche. Un deuxième effet pervers de cette loi, c'est que les subventions pour les partis dépendent directement du nombre de voix obtenues au premier tour des législatives; or, si dans l'esprit des gens, il n'y a plus grand intérêt à voter pour la droite nationale, celle-ci verra ses subventions diminuer encore un peu plus.
Le but de cette réforme est donc d'écraser définitivement les petits partis et d'imposer une vision politique unique UMPS, européiste, immigrationniste, islamolâtre, et anti famille.
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