vendredi 15 juin 2007

L'UMP préfère le PS au FN

Il y a une candidate FN au deuxième tour des législatives, Marine Le Pen, face au socialiste sortant, M Facon. L'UMP, dont le candidat, un parfait inconnu, avait été éliminé, a déclaré qu'elle appellait à ne pas voter FN.
Pourquoi une telle hostilité envers la droite nationale? L'UMP croit-elle véritablement que Marine Le Pen, si elle est député, préparera un coup d'Etat fasciste? Qu'elle obtiendra l'ouverture de camps de concentration? Soyons sérieux! En fait, c'est que l'UMP tient à se démarquer au maximum de la droite nationale, dont les idées sont caricaturées, et les leaders, attaquées et diffamés dans la presse. Pour beaucoup, Le Pen serait la réincarnation du fascisme, du nazisme ou de Hitler, qui est considéré comme le mal absolu. Bien évidemment, et même si Le Pen a facilité la tâche par des déclarations plus que douteuses, il n'en est rien. La gauche, par ses relais (éducation nationale et medias) exerce une chappe de plomb et vise à étouffer tout débat à coup de réductio ad hitlerum et de coups bas.
A côté de cela, les socialistes ne se gênent absolument pas pour conclure des accords avec les communistes, alors que ceux ci ont soutenu Lénine, Staline et Mao, responsables de la mort d'environ cent millions de personnes. Mais vu que c'était pour le bonheur de l'humanité et la dictature du prolétariat, ces trois personnages sont amnistiés. On préfère les oublier. Le Goulag? passé à la trappe. Le laogaï? Connais pas. La révolution culturelle? Oubliée! Et cela va parfois jusqu'à l'absurde. Un exemple parmi des milliers: tout le monde sait (encore que, vu comment se porte l'éducation nationale, je doute que les gens savent grand chose) que sur le portail d'Auschwitz une devise était inscrite: "arbeit macht frei", c'est à dire: le travail rend libre. Vu que des millions de personnes sont mortes, justement en se tuant au travail, ce slogan, à juste titre, paraissait affreusement cynique. Mais qui sait que à l'entrée du camp de Solovetski, en URSS, on pouvait lire (en russe, évidemment) "Par le travail, la liberté!"? Personne. Je ne développerai pas davantage, ce n'est pas de cela dont je veux parler ce soir.
Je reprends donc: les socialistes n'ont jamais hésité à conclure des accords avec les communistes, et ont cherché à entretenir des pas trop mauvais rapports avec les trotskistes. Ainsi, Mme Royal a tenu un meeting commun avec Mme Laguiller. Bien évidemment, ce n'est pas du tout la même chose à droite: quand on verra M Sarkozy tenir un meeting commun avec M Mégret, n'hésitez pas à me le signaler... Cette haine de la fausse droite envers l'extrême droite à poussé la fausse droite dans une logique suicidaire: en 1997, le RPR n'a pas tenté de conclure d'accords de désistement réciproques, préférant par le jeu des triangulaires, perdre les législatives et faire gagner les socialo communistes. Rebelote en 1998 avec les régionales: dans un certain nombre de régions, le RPR UDF a moins de sièges que le PS et leurs alliés de gauche, mais avec le FN a la majorité. Certains présidents de région (M Millon par exemple) décident de se faire élire avec les voix du FN. Immédiatement, ce sont des manifestations "anti fascistes", et M Chirac s'élève contre ces personnes qui ont eu l'audace d'accepter les voix du FN. Et c'est ainsi que dans de nombreuses régions, la fausse droite vote pour les socialo communistes et avalise leur politique néfaste. On remarquera que quand on parle de M Millon, tout le monde pense M Millon, élu avec les voix du FN, mais persone ne dit mme Comparini, élue avec les voix du PCF. En IDF, le RPR UDF (puis UMP UDF) avait de quoi bloquer les projets des socialistes, en votant comme le FN (puis ensuite FN et FN-MN). Elle ne s'est opposée à ma connaissance que deux fois (il est possible que je n'aie pas entendu parler d'autres cas): contre le budget (mais quand celui ci fut soumis de nouveau au vote un peu plus tard, elle décida de s'abstenir, le validant ipso facto), et contre le financement du forum social européen (la gauche eut le culot de parler d'une alliance entre la droite et l'extrême droite).
Afin de se débarasser du FN, l'UMP une fois au pouvoir décida d'engager une réforme électorale pour les élections régionales. Cette réforme fut contestée par tous les partis politiques. L'UMP pour couper court au débat utilisa le 49-3, fit passer le texte en force; il était tellement mal fait que le Conseil constitutionnel dut le retoquer en partie. Bilan de ce texte: élimination de toutes les petites listes, et majorité absolue de gauche dans 20 régions sur 22. Au lieu d'accepter de discuter avec la droite nationale, l'UMP a décidé de tenter de lui éliminer ses conseillers régionaux (dans le cas du MNR, l'opération a marché) mais cela lui est retombé sur le nez.
De même aux européennes: il y a deux grands groupes au Parlement européen, le PPE (parti populaire européen, qui rassemble les droites molles, dont l'UMP) et le PSE (parti socialiste européen), et plein de petits, dont l'UEN (union pour l'Europe des Nations, souverainiste), Indépendance et Démocratie (souverainiste, le MPF y siège), et Identité, Tradition, Souveraineté (plus nationaliste, le FN y siège). Or, ni le PPE ni le PSE n'ont la majorité. Comment font-ils? On pourrait penser que le PPE formerait une majorité avec l'UEN, ID, ITS. Pas du tout! Le PPE s'allie avec le PSE, et le président du Parlement européen est élu par les deux groupes: une partie des 5 ans, c'est un PPE, la deuxième partie des 5ans, c'est un PSE. La durée d'exercice du mandat est fixée au prorata du nombre de sièges (par exemple, si le PPE a 200 sièges et le PSE 150, le candidat du PPE sera président pendant 4/7 du temps). Ainsi, à chaque campagne électorale, en France, l'UMP et le PS font semblant de se disputer et de s'attaquer, pour ensuite collaborer fructueusement. C'est comme pour les postes divers: normalement, ils doivent être élus. En fait, le PPE, le PSE se partagent le gâteau, et laissent quelques miettes aux autres groupes. Sauf bien sûr quand l'ITS réclame des postes, on revient au vote et le PPE ezt le PSE s'unissent dans un front prétendument républicain pour faire barrage à l'ITS. Il faut dire que le PPE et le PSE ont exactement la même politique européenne (excepté la francge gauche du PSE et la poignée de minoritaires vaguement souverainistes du PPE): ils sont pour le Traité Constitutionnel Européen, ils sont pour les technocrates de Bruxelles, pour l'entrée de la Turquie (je sais, c'est difficile à admettre que l'UMP malgré ses rodomontades est pour la Turquie. C'est toutefois la triste vérité; je ne m'étends pas maintenant, j'en reparlerai à l'occasion du 21 juin, date d'ouverture de nouveaux chapitres de négociation avec la Turquie), pour la perte de souveraineté de la France.
Et aujourd'hui, elle recommence donc en appellant à ne pas voter pour le FN. De plus, elle cherche systématiquement à complaire à la gauche: ministres socialistes, suppression de la double peine, droit au logement opposable...Que l'UMP ensuite ne se plaigne pas si les électeurs nationaux ne lui apportent pas leur suffrage et votent blanc au deuxième tour des législatives.
Dans les autres pays, la droite parlementaire (bien plus à droite que l'UMP, il faut le reconnaître) n'hésite pas à conclure des accords avec des partis plus à droite. L'exemple le plus extrême est l'Italie ou les coalitions vont d'une part du centre centre droit aux néo fascistes, d'autre part du centre centre gauche aux communistes purs et durs.
Tant que l'UMP préférera le PS à la droite nationale, il sera difficile d'avancer. On peut espérer toutefois que ces appels soient uniquement de pure forme, et que les électeurs UMP n'en tiennent pas compte. Je précise à toutes fins utiles que je parle du cas général; en effet, le blog mnr92 appelle à voter blanc, mais ce n'est pas parce que Marine Le Pen est FN, c'est parce que nous considérons que Marine a saboté l'Union Patriotique et qu'elle ne partage pas les valeurs de la droite nationale, tandis que pour l'UMP, tous les frontistes se valent.