Nous avons quasiment achevé l'analyse de la réforme.
Les ultimes modifications traitent d'une modification minime du code des impôts, et la possibilité pour les établissements publics à caractère scientifique de créer une ou plusieurs fondations, et du transfert aux établissements du mobilier et de l'immobilier. Pourquoi pas, mais il faudrait préciser à côté que l'Etat continuera à assurer l'entretien des bâtiments. Si l'université hérite de locaux délabrés et n'a pas un seul centime pour les rénover, l'opération ne sert pas à grand chose. De toute manière, ce transfert se fait sur la base du volontariat, donc il pourra être rejeté.
Je néglige volontairement les dispositions spécifiques à la santé et à l'outre mer. J'invite les gens intéressés à se rendre sur le site de legifrance et de autonomiedesuniversites.com et à analyser les différences article par article.
Pour récapituler:
La réforme universitaire s'appuie sur deux grads thèmes: la gouvernance et l'autonomie.
Plus de pouvoir pour le président, notamment dans les affectations de personnel et des primes, plus de pouvoir pour le conseil d'administration, une réforme de l'effectif de celui ci, et l'importance du CEVU et du CS est réduite. Il y a également projet de création d'un comité technique paritaire.
Le problème est que dans le même temps où on augmente le pouvoir du président, on sape sa légitimité, en ne demandant plus qu'il soit Français et enseignant chercheur en exercice dans l'établissement où il postule, en le faisant élire uniquement par un conseil d'administration dans lequel siègent sept personnes extérieures. C'est à dire qu'il suffit que quatre personnes intérieures, sur treize (soit moins du tiers) soient d'accord avec les personnalités extérieures pour que l'université se retrouve avec un président pouvant redéfinir les attributions et redistribuer les primes. On peut quand même s'interroger sur un risque de dérive autocratique, non?
En outre, le CEVU et le CS se sont spécialisés dans des domaines précis, et par exemple interdire au CEVU de proposer quelque chose est absolument scandaleux. En fait, quasiment tout est à revoir dans ce projet de nouvelle gouvernance.
Le deuxième thème est l'autonomie des recrutements, de la répartition des ressources et le transfert de l'immobilier. Ce projet serait excellent si le gouvernement joue correctement son rôle et finance réellement l'enseignement supérieur.
Parce qu'en fait, ce projet ne va pas assez loin sur certains points, et ne s'attaque pas aux vrais problèmes. On parle de sélection à l'entrée du deuxième cycle; la vraie question, c'est la sélection à l'entrée en premier cycle! Combien d'étudiants qui ont eu leur bac de justesse et qui vont trimer pendant trois ou quatre ans pour avoir une licence de psychologie totalement inutile? Les universités sont surchargées, des milliers d'emplois ne sont pas fournis. Il est urgent d'instaurer la sélection dès l'entrée de l'université, pour avoir des étudiants moins nombreux (donc de meilleures conditions de travail), et pendant ce temps là les étudiants recalés ne perdont pas leur temps et iront assurer les emplois non fournis, ou s'engageront dans des études courtes et mieux adaptées. Ces réformes ne sont que des réformettes plus ou moins bien faites. Le problème est que si le projet passe, il sera ensuite impossible de faire quoi que ce soit pendant plusieurs années de suite, les étudiants estimant qu'ils auront eu leur dose de réforme. Et s'il est finalement retiré, le gouvernement perdra les dernières miettes de crédibilité et se condamnera à l'immobilisme. Il convient donc de reprendre le projet de fond en comble, de le redéfinir, et il vaut mieux attendre quelques temps que de tenter de faire passer une réforme mal ficelée, bâclée, contenant des dispositions maladroites.
(Ce blog ne sera pas actualisé jusqu'à dimanche soir.)
jeudi 28 juin 2007
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