vendredi 8 février 2008

Elections: traité de Lisbonne, municipales

Dans l'indifférence absolue de la quasi totalité de la population française, avec la bénédiction des principaux partis, un texte rejeté par referendum a été ratifié avec un score stalinien par l'Assemblée nationale et le Sénat. C'est la première fois qu'un tel déni de démocratiese produit ainsi.
On subit d'un côté une espèce de tyrannie du vote où il faudrait voter pour tout et n'importe quoi, comme dans des pseudo assemblées générales d'université totalement bidon, ou pour le vainqueur de la prochaine Star Academy. Mais quand il s'agit de la souveraineté de la France, une question essentielle, et le respect du referendum, le principe démocratique s'arrête.
Bien sûr, l'UMPS nous bassine à longueur de temps surses "principes citoyens", la solidarité, la citoyenneté, la démocratie! Mais elle s'empresse de les bafouer et les piétiner quand cela l'arrange. 'ai vu une affiche dans Parisq: "votre voix aura le dernier mot". Non, la preuve; en 2005 j'ai voté non (avec quelques jours avant l'élection, les partisans du oui qui s'arrachaient les cheveux en nous promettant l'apocalypse), et en 2007 le texte passe comme une lettre à la poste.
Souvenons-nous! Quand dix députés poujadistes furent invalidés pour des motifs totalement fallacieux, les paris du système s'arrangèrent entre eux pour les remplacer par des députés à eux, au lieu d'organiser de nouvelles élections. Plus récemment, pourquoi les gouvernements français ont-ils aussi souvent modifié les systèmes de vote? Pourquoi avoir changé en 2003 le mode d'élection aux régionales? Pourquoi avoir modifié les conditions pour avoir droit aux subventions fondées sur le résultat des législatives? Pourquoi avoir imposé la parité? Pourquoi obliger les candidats dans les différentes élections à avoir un mandataire financier? Pourquoi avoir modifié les modalités d'élections aux européennes? Pourquoi obliger les candidats à la présidentielle d'avoir 500 parrainages, et diffuser les noms?
Pour les municipales, c'est vraiment le summum.
D'abord il faut trouver les noms des candidats; pas facile quand la droite nationale est assimilée au fascisme, et que les gens n'ont pas envie de se retrouver avec les pneus crevés. Pourquoi obliger les candidats aux municipales à présenter systématiquement une liste complète, y compris quand les candidats savent très bien que s'ils arrivent à faire 8% et trois élus c'est déjà bien? Bien entendu, là dessus, il faut respecter la parité. Ensuite, il faut faire campagne; mais voilà, le CSA a remplacé l'égalité dans les medias par l'équité; habile tour de passe-passe pour imposer les faux duels UMP PS. Egalement, grâce aux manoeuvres du pouvoir en place et des modalités d'élections aux législatives, l'argent ne coule pas à flot chez les partis de la droite nationale.
Admettons toutefois que vous avez réussi à présenter une liste et acquis un peu de notoriété. Il faut faire 10% pour se maintenir au deuxième tour (évidemment, en raison de l'ostracisme dont la droite nationale est victime, il n'est pas question d'une fusion de liste droite parlementaire-droite nationale, tandis que l'extrême gauche ne se gêne pas pour fusionner avec les socialistes). Là, que se passe t-il? On a droit aux cris d'orfraies de la droite parlementaire: "en raison de la prime donnée à la liste majoritaire, si vous votez MNR (ou FN) vous faites le jeu de la gauche" bien entendu tout en continuant à refuser de discuter d'une éventuelle fusion de liste. C'est ainsi que dans de nombreuses régions en 2004 le FN fit moins de voix au deuxième tour qu'au premier. Et quand vous n'êtes pas la liste arrivée en tête, vous n'avez hélas que très peu de moyens d'agir vu que la liste majoritaire a au moins la moitité des sièges.
Supposons que vous soyez en mesure de conquérir la ville. Immédiatement, l'UMP et le PS créent un front "républicain" et "citoyen" pour sauver la ville des griffes du "fascisme". Combien de candidats de la droite nationale battus par des listes UMPS! Et c'est ce que le PS a proposé à l'UMP dans la ville d'Orange, gérée par Bompard. pendant ce temps-là, des associations "antiracistes", de soutien aux "sans papiers" viennent alerter les habitants du "grave péril", naturellement, qui pèse sur leur ville, pendant que les journaux s'en donnent à coeur joie.
Imaginons toutefois que vous avez été élu!!! Et bien dans ces cas là, la justice s'arrange pour trouver un motif d'annulation: à Vitrolles, les deux élections gagnées par le MNR seront annulées sous un quelconque prétexte, comme par hasard. Il suffit de voir ce qui s'est passé pour les élections législatives: qui a été déclaré inéligible? Pemezec, un membre de l'aile droite de l'UMP, et Sarlot, divers droite, ex MPF, ex Démocratie Libérale. C'est d'autant plus étonnant que Sarlot a été déclaré démissionnaire d'office quelques heures avant le vote sur le Traité de Lisbonne, où il aurait pu avoir l'idée de voter contre! Etonnant! Très étrange coïncidence!
Et enfin, même si vous êtes élu, et que vous arrivez à le rester, vous n'échappez pas à l'opprobre médiatique, à l'opposition systématique des autres instances (conseil général, régional) et aux pressions des autres partis pour vous récupérer.

Après, on s'étonne qu'il y ait 50% d'abstention. C'est normal! C'est comme en Iran, où une fois que le conseil de la révolution a éliminé tous les modérés réformateurs lïcs et anti islamistes, le peuple a le droit de voter entre les candidats islamo conservateurs qui restent. A Cuba aussi, on vote! Après tout, en Corée du Nord, pardon, en République populaire démocratique de Corée, il y a bien plusieurs partis qui existent.

Mais je refuse de cautionner ce système ignoble. Prenons Boulogne: j'ai tenté de monter une liste aux municipales, et j'ai lamentablement échoué. Vais-je donc me jeter dans les bras de l'UMP, sous prétexte de faire barrage à la gauche, alors que c'est uniquement de la faute des règles électorales mises en place par l'UMPS si je n'ai pu présenter une liste?
Nous avons quatre listes à Boulogne:
la liste Baguet, député UMP, qui, entre autres, a voté la ratification du traité de Lisbonne. Rien que cela m'empêche de voter pour lui.
La liste Fourcade, Fourcade se représentant après avoir démissionné en cours de mandat et vu que son successeur finalement ne se représentait pas; Fourcade, qui je l'avoue ne manque pas de courage en se présentant à cette élection, mû par la haine qu'il porte à Baguet, a cela dit tout fait pour imposer une mosquée à Boulogne, et ce par un loyer dérisoire. Il est hors de question que nous cautionnions un collaborateur de l'islamisation de la France.
La liste MoDem, qui va sans doute se rallier à Baguet au deuxième tour, et qui n'a absolument aucun programme. On zappe.
Et puis l'habituelle liste socialo communiste, que je refuse de soutenir, ne voulant pas faire la politique du pire.

A partir du moment où les conditions imposées pour les municipales empêchent une liste d'être présente, j'estime que la démocratie a été bafouée et je ne vois vraiment pas pourquoi j'irai m'ennuyer à me déplacer pour aller voter (en plus pour aller voter blanc). Les 9 et 16 mars, je n'irai pas voter.

Municipales: le MoDem champion toutes catégories

Encore plus fort! Je pensais que le MoDem allait s'allier à la liste qui avait le plus de chances de remporter la mairie, afin de s'octroyer le plus grand nombre d'élus et d'adjoints. En fait, le MoDem fait encore mieux; en effet, dans les élections, il y a une part d'incertitudes et il se pourrait que le MoDem ait misé sur le mauvais cheval. Heureusement, le MoDem a la solution! Il se met sur plusieurs listes! Ainsi, à Lyon, des MoDem locaux ont rejoint M Perben, tandis que d'autres se rapprochent de Collomb, pendant que d'autres encore tentent de monter une liste indépendante, pour mieux monnayer leur soutien au deuxième tour. A Bordeaux, idem: Juppé a obtenu le soutien du MoDem mais certains, dépités de n'avoir pas été choisis pour la liste Juppé, ont rejoint Rousset, tandis que d'autres essaient là encore de monter une liste indépendante.
Si cette stratégie est excellente pour obtenir des élus (l'UMP préférant se tourner vers les centristes plutôt que vers la droite nationale, tandis que le PS fait le grand écart entre la Lutte Ouvrière et le MoDem), en revanche, cela montre l'absence totale de convictions des membres du MoDem, qui est constitué d'arrivistes aux dents longues; cela peut montrer aussi que les programmes UMP et PS se ressemblent comme deux gouttes d'eau et qu'un MoDem peut défendre le même programme en rejoignant l'UMP ou le PS. La rivalité UMPSMoDem est une rivalité entre personnes mais absolument pas une rivalité idéologique.

Mise au point: Vote MPF à propos du traité de Lisbonne

Suite à mon article sur la trahison des sénateurs MPF (un contre, deux abstentions), un lecteur me dit que c'est faux et m'envoie un article du Monde qui dit que les sénateurs MPF ont voté contre.
Il s'agit d'une confusion du lecteur; pour écrire un article sur mon blog le premier février, je ne peux m'inspirer de faits se passant entre le sept et le huit février.
C'est qu'en fait cette ratification s'est jouée en plusieurs étapes; il fallait d'abord modifier le titre XV de la constitution, modification indispensable pour la ratification du Traité de Lisbonne, et cela s'est fait par un vote de l'Assemblée nationale, un vote du Sénat (au cours duquel les sénateurs MPF n'ont pas tous voté contre), et un vote du Congrès, le 4 février. Ensuite, il s'agissait de la ratification du Traité de Lisbonne à proprement parler, qui s'est fait par un vote de l'Assemblée nationale, puis par un vote du Sénat (c'est là qu'effectivement les sénateurs MPF ont voté contre, ce qui est la moindre des choses).

Merci au lecteur pour son message, qui m'a permis de faire un point sur le déroulement du processus de ratification du traité de Lisbonne.