Sarkozy s'achemine vers une réforme des régimes spéciaux, dont les bénéficiaires seraient alignés sur le public.
Il y a actuellement: le régime privé, le régime public, plus favorable, et les régimes spéciaux, encore plus favorables, dont les régimes spéciaux de la SNCF et de la RATP.
Alors qu'avant les présidentielles on évoquait une remise à plat de tous les régimes sur le régime privé, actuellement il est évoqué seulement une réforme des régimes spéciaux, qui seraient alignés sur le régime public dans le meilleur des cas; il s'agit donc d'un premier renoncement.
Mais cette simple évocation a déclenché les grèves récentes le 18 octobre.
On a là un condensé de la gestion catastrophique de l'Etat par Sarkozy; d'abord, on annonce des demi mesures. Or, comme il s'agira de négocier, on va donc obtenir en fin de compte des "quarts de mesure" (si je puis me permettre l'expression); or, ces demi mesures annoncées vont provoquer autant de désordre que si on avait annoncé clairement des vraies réformes, donc on ne s'épargen rien en terme de désagrément et il faudra recommencer d'ici deux ans pour continuer. L'UMP préfère procéder par petits bouts; il y avait déjà une misérable réformette en 2003, il y a une réformette de plus en 2007 (et encore, ne crions pas victoire trop tôt, Sarkozy est bien capable de capituler directement), et on va additionner ainsi les réformettes jusqu'en l'an 2040, à moins que tout ce cirque soit interrompu en cas d'alternance politique avec la victoire de la gauche (ce qui pourrait arriver, d'ailleurs, il suffit de poursuivre dans la même voie; l'UMP fait une politique de gauche donc la droite nationale ne votera plus pour elle, tandis que les électeurs de gauche préféreront l'original à la copie et voteront PS ou PC).
Plus grave, avant de faire une annonce susceptible de provoquer des grèves, on s'arrange normalement pour limiter les nuisances! Or Sarkozy fait ses annonces avant même que son prétendu service minimum soit rentré en vigueur. Déjà, ce service minimum est plus qu'insuffisant. Pour rappel, il s'agit d'un vote à bulletin secret pour ou contre la reprise de la grève (mais le mouvement n'est pas obligé de tenir compte des résultats), et l'obligation pour le fonctionnaire de se déclarer en grève au moins 48 heures à l'avance.
Qu'aurait-il fallu faire? Il aurait fallu instaurer l'interdiction du droit de grève pour les agents de la fonction publique, ce qui existe dans de nombreux pays, ou un véritable service minimum avec possibilité de réquisitionner les agents pour avoir au moins 50% des trains fonctionnant aux heures de pointe. Et une fois cette réforme mise en vigueur, annoncer l'alignement des régimes spéciaux et du régime public sur le régime privé (ou même le passage à la retraite par capitalisation). Enfin, menacer les syndicats, s'ils lèvent le petit doigt, de supprimer toutes les subventions versées par l'Etat.
Car le pire, en fait, c'est que tous ces malheureuses victimes des grévistes, ces personnes qui veulent travailler, financent les syndicats et leur donnent ainsi les moyens de bloquer efficacement le pays; il y a le CCAS d'EDF, qui prévoit le versement de 1% du chiffre d'affaire (pas du bénéfice, du chiffre d'affaire) aux syndicats, ainsi que les versements de toutes les collectivités locales (y compris celles gérées par la fausse droite); les cotisations ne représentent dans certains syndicats qu'un tiers des revenus des syndicats.
Là, pour l'instant, on n'a pas de service minimum, aucune mesure efficace prise et votée à propos des retraites, mais une grève; la France qui se lève tôt et qui veut aller travailler remercie M Sarkozy.
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