PRÉSENT – 31/10/07
Quel avenir pour le mouvement national ?
La réponse de Nicolas Bay, Secrétaire général du MNR
Quel est le trait dominant de la période dans laquelle nous vivons ? L’élection de Nicolas Sarkozy marque t-elle la fin du cycle Chiraco-Miterrandien, entrons nous dans une nouvelle ère de la vie politique française ?
La dégradation – et même l’inversion – des valeurs, qui caractérise actuellement notre société, a conduit au mondialisme, au matérialisme, à la culture de mort, à la remise en cause des structures essentielles que sont la nation et la famille et au manque d’ambition et de rayonnement de notre civilisation européenne. Ce déclin s’accompagne – assez naturellement il faut le dire – d’une culpabilisation des Français et des Européens qui n’ont plus la fierté de leur passé et, en conséquence, n’ont plus d’ambition collective pour le futur. Le pape Benoît XVI le soulignait récemment : « L’Occident montre une haine envers lui-même qui paraît étrange et peut être considérée uniquement comme un phénomène pathologique ; l’Occident ne s’aime plus. Dans son histoire, il voit uniquement ce qui est blâmable et destructif, et il n’est plus capable de reconnaître ce qui est grand et pur.»
La décadence morale a conduit a une décadence politique. Mitterrand, Chirac ou Sarkozy en ont été ou en sont, chacun à leur façon, l’incarnation. Il y a d’autant moins de changement d’ère politique depuis le 6 mai dernier que Sarkozy s’est empressé de faire appel à toute la vieille garde mitterrandienne, de Lang à Attali, en passant par Kouchner. Mais Sarkozy a perçu que les Français, longtemps anesthésiés, commençaient à se réveiller ; d’où le changement qu’il a opéré dans la forme, le ton, le style, avec l’habileté de se positionner sur les thèmes de l’identité, de l’autorité ou encore de la souveraineté nationale, pour gagner l’élection présidentielle. Cependant, les actes ne sont pas en accord avec les promesses qui, elles-mêmes, étaient minimalistes ! En effet, le discours de Sarkozy consiste davantage à faire un constat qui correspond à ce que les Français ressentent, qu’à faire des propositions crédibles et encore moins à les mettre en œuvre. La priorité est donnée à l’image au détriment de la compétence, la communication a pris le pas sur l’action. La composition du gouvernement l’illustre bien : les nominations de Fadela Amara ou de Rama Yade ont pour but de satisfaire des communautés. Elles n’ont pas été désignées pour leur compétence mais pour ce qu’elles représentent. Tout cela caractérise une action politique dans l’urgence, sans vision ni volonté à long terme et sans souci de l’intérêt général. Les projets de loi voient le jour au gré des faits divers et de ce qui émeut l’opinion publique. C’est le règne de l’immédiateté et du sentimental ; le gouvernement aligne son fonctionnement sur celui des médias.
Quelles sont les menaces auxquelles est confrontée la société actuelle et les enjeux les plus importants, autant intérieurs qu’extérieurs ?
Le matérialisme et l’individualisme provoquent aujourd’hui une importante soif spirituelle, ce qui explique par exemple le développement des sectes ou encore – et c’est plus réjouissant – les mobilisations spectaculaires de foules lors des voyages pontificaux. Tandis que la civilisation européenne et chrétienne doute d’elle-même, le monde musulman est en pleine expansion et, même s’il ne constitue pas un ensemble homogène, il tend à se radicaliser dans une démarche de conquête et d’affrontement qui, historiquement, a toujours caractérisé ses relations avec l’occident.
L’islamisation est aujourd’hui la menace principale qui pèse sur les nations européennes et, dans ce domaine, la classe politique fait preuve d’une criminelle lâcheté. En effet, l’angélisme face à l’islam est une dangereuse utopie ! Et dans ce domaine, Sarkozy et l’UMP sont encore pire que la gauche : ils ont créé le conseil français du culte musulman qui a donné un poids institutionnel à la branche la plus radicale de l’islam en France et favorisent la construction de mosquées monumentales (contre lesquelles nos élus municipaux MNR bataillent vaillamment). Dans son approche de cette question si importante, la classe politique, refuse d’admettre l’incompatibilité structurelle et intrinsèque qui existe entre l’islam et nos valeurs de civilisation. Car l’islam est autant un mode d’organisation politique et social qu’une croyance religieuse. Il n’est donc pas soluble dans notre société.
Mais, indépendamment des décisions politiques qu’il est nécessaire de prendre pour empêcher le développement d’un islam radical sur notre sol, la seule réponse crédible, sur le fond et à long terme, c’est que la France et l’Europe retrouvent leur capacité de rayonnement spirituel, politique et culturel. Et, pour cela, il faut un réenracinement profond des peuples européens dans les valeurs immuables qui fondent leur identité commune.
Quel avenir voyez-vous au Mouvement National ? Quelles sont les formes que le Mouvement National devrait prendre pour faire face aux dangers et aux enjeux d’aujourd’hui ?
Sarkozy a enthousiasmé les Français momentanément en pillant une partie de nos idées ou, du moins, de notre vocabulaire. Mais, inexorablement, il décevra les patriotes qui ont cru qu’il répondrait à leurs aspirations.
La droite nationale et identitaire pourra dès lors apparaître comme un recours si elle parvient à se reconstruire et à se poser en alternative crédible et attrayante. Et cette crédibilité ne peut exister qu’avec une stratégie clairement définie et un programme politique complet, cohérent et en phase avec les réalités d’aujourd’hui. Je parle de « droite » car je pense que cela définit clairement ce que nous sommes. Il ne s’agit pas, bien sûr, de se reconnaître dans la fausse droite qui est, pour l’essentiel, alignée sur les positions sociales-démocrates et mondialistes de la gauche. En revanche, le clivage philosophique entre la droite et la gauche est un élément structurant de la vie politique et sociale dont découlent des visions diamétralement opposées de la place de l’individu, de ses libertés, de ses devoirs et du rôle de la puissance politique.
S’agissant de la droite nationale française, celle-ci a été organisée, depuis une trentaine d’année, autour du FN comme composante principale et autour de Jean-Marie Le Pen comme chef et porte-drapeau. Ce dernier a su fédérer son camp et le porter remarquablement vers les succès électoraux. Cela aura été son très grand mérite quels que soient par ailleurs les griefs que peuvent avoir les uns ou les autres à son égard.
Aujourd’hui, nous devons inventer la droite nationale de demain, dans la fidélité à nos valeurs mais avec des nouvelles méthodes, une nouvelle organisation et de nouveaux visages. Face aux dangers qui menacent la France et l’Europe, la défense de notre identité (la famille, la nation et la civilisation) doit être l’axe politique principal de notre combat. Et, pour y parvenir, le rassemblement de tous les patriotes sincères me semble un préalable essentiel dès lors que ceux-ci souhaitent agir sur le terrain politique et qu’ils en acceptent donc les règles et les contraintes. Dans les prochaines semaines, le MNR va s’investir dans ce combat de refondation et prendra, à l’occasion des élections municipales notamment, des initiatives d’actions et de candidatures communes.
Propos recueillis par Catherine Robinson
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