vendredi 7 décembre 2007

Interview de Nicolas Bay dans Minute

Secrétaire général du Mouvement national républicain (MNR), présidé par Bruno Mégret, Nicolas Bay est convaincu que l'union de la droite nationale est un préalable à toute reconquête électorale. Il prône dialogue et débat interne à ce courant politique. Et ne manifeste aucune animosité à l'égard de Marine Le Pen.

Minute : Vous en appelez une nouvelle fois au '' rassemblement des forces nationales '', qui est pour vous une '' priorité stratégique ''. Pour quelles raisons ?

Nicolas Bay : Parce que le rassemblement est un préalable à la reconquête électorale si notre famille politique a encore l'ambition de représenter une alternative crédible et attrayante pour les électeurs déçus par Sarkozy. Le chemin du succès passe par la refondation, c'est-à-dire le rassemblement et le renouveau du camp national.

Vous n'ignorez pas que toute idée de relance d'une '' union patriotique '' suscite une vive hostilité de certains hauts dirigeants du Front national...

L'initiative d' '' union patriotique '', prise par Jean-Marie Le Pen pour l'élection présidentielle de 2007, a en effet suscité des oppositions au sein du FN. Cependant, la nouvelle donne créée au sein de la droite nationale par les mauvais résultats électoraux doit conduire à une remise à zéro des compteurs quelles qu'aient été les positions des uns et des autres sur '' l'union patriotique ''. Dans la perspective des élections municipales de 2008 mais aussi, déjà, des européennes de 2009 et de la présidentielle de 2012, celles et ceux qui souhaitent représenter électoralement les idées nationales, seront sans doute largement jugés justement sur cette capacité à rassembler par delà les conflits passés, les divergences ou les nuances de sensibilité.

Et les municipales de 2008 ?

C'est une première étape dont il ne faut pas minimiser l'importance. Le MNR souhaite multiplier les candidatures d'union à la base entre les différentes composantes de la droite nationale. C'est dans cet esprit que Jean-François Touzé, conseiller régional FN d'Ile-de-France, et moi-même avons créé l'association Convergences nationales, dont l'objectif est d'être un '' faciliteur d'union '', en favorisant les rapprochements, les contacts et les actions communes entre les différents partis de la droite nationale, leurs militants, leurs cadres et leurs dirigeants.

Les arguments avancés par ceux qui, au FN, s'opposent à tout rapprochement avec le MNR, sont nombreux. Ils affirment, par exemple, que rien ne sert de s'allier avec un parti, le MNR, qui ne pèse plus rien.

Le MNR est aussi vivant aujourd'hui qu'il y a cinq ans. Nous ne sommes pas parvenus à prendre notre essor sur le plan électoral, j'en conviens, mais le MNR est une vraie force militante qui a su par exemple présenter 400 candidats aux législatives, ce qui le situe comme une force incontournable de notre courant, seule formation avec le FN à être capable de participer massivement et de façon systématique à toutes les élections.

Autre argument : à quoi bon faire des listes d'union avec le MNR puisque celui-ci sera incapable d'en faire tout seul ?

Le MNR est parfaitement capable de monter des listes tout seul. Il en a encore fait la démonstration lors d'une municipale partielle à Romainville au printemps dernier où le candidat MNR a été le seul du courant national, a réussir la constitution d'une liste en trois semaines ! Indépendamment des accords d'appareil, beaucoup de cadres et de militants du MNR sont en mesure de conduire des listes d'union à la base. C'est ce qui est fait ou est en passe de l'être dans de très nombreux départements en fédérant des adhérents ou sympathisants du FN et du MNR, mais aussi des identitaires et des déçus du MPF.

Un autre grief, et pas le moindre, est que, le MNR étant issu de la scission de 1998, il porte en quelque sorte la marque du péché originel. C'est un parti de traîtres et qui a trahi trahira...

S'agissant de la regrettable scission de 1998, il ne me semble pas utile de revenir éternellement sur les responsabilités des uns et des autres. Ce qui est certain, c'est que, à l'époque, les entourages du président du FN et de son délégué général ont eu un rôle déterminant et particulièrement néfaste. Aujourd'hui, l'immense majorité des militants du FN et du MNR souhaitent tourner la page de ces conflits et défendre la France et son peuple face au mondialisme et à la déferlante migratoire.

A propos, que devient Bruno Mégret ? On ne voit plus que vous.

Bruno Mégret est le président du MNR. Il vient d'ailleurs d'effectuer une tournée dans l'ensemble de nos fédérations. Il prépare les élections municipales et a annoncé sa candidature à Marseille.

Dernière objection avancée à tout rapprochement : il ne peut pas y avoir d'accord avec un parti dont les dirigeants passent leur temps à critiquer ceux du Front national.

Les dirigeants du MNR n'ont aucune animosité à l'égard de ceux du FN, avec lesquels ils entretiennent d'ailleurs souvent de bonnes relations personnelles et politiques. Notre démarche, comme l'initiative que j'ai prise avec Jean-François Touzé, n'est dirigée contre aucun responsable du FN, bien au contraire. C'est une démarche d'apaisement, de réconciliation et d'unité, car nous sommes persuadés que celles et ceux qui veulent incarner les idées nationales sur la scène politique ne peuvent pas faire l'économie de ce rassemblement.

Que pensez-vous de Marine Le Pen ?

Nous avons eu des différends avec Marine Le Pen qui ont été abondamment exprimés ces derniers mois. Néanmoins, ces différences ou nuances de sensibilité ne me semblent pas constituer un obstacle dirimant pour mener des combats politiques communs. Marine Le Pen a des qualités politiques et médiatiques indéniables. Il faut en prendre acte et dépasser les querelles antérieures.

Etes-vous prêt à la rencontrer pour aplanir les différends qui pourraient subsister ?

Oui, je suis prêt à rencontrer Marine Le Pen. Cela permettrait sans doute de dissiper les malentendus, sans d'ailleurs nier nos divergences politiques ou stratégiques, afin de créer les conditions du rassemblement des forces patriotiques auquel aspirent l'immense majorité des électeurs, des militants et des responsables du FN comme du MNR. Il n'est pas anormal, qu'au sein même du camp national, les personnalités ou les organisations ne soient pas d'accord à 100% sur le projet ou la stratégie. Notre famille politique doit pouvoir tenir des débats internes en toute sérénité, sans que cela n'hypothèque sa capacité de mobilisation et d'action.


Quelles sont justement ces divergences ?


À titre d'exemple, nous considérons, au MNR, que le combat contre l'islamisation, en tant que phénomène politique, doit être une priorité car il s'agit de l'un des grands enjeux du siècle naissant. De même, nous sommes convaincus, s'agissant de la construction européenne, qu'il n'est pas suffisant de dénoncer l'Europe de Bruxelles : la droite nationale doit porter un projet alternatif fondé sur l'indépendance, la puissance, l'identité et le rayonnement de notre civilisation européenne et chrétienne ; ce qui est parfaitement compatible avec la sauvegarde des souverainetés nationales.

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