dimanche 23 mars 2008

Elections: le bilan

Pourquoi la droite a perdu? A cause de l'attitude pitoyable de Sarkozy, qui s'est amusé à jouer à la star de cinema plutôt qu'à un président. Il a préféré perdre son temps à nous infliger ses histoires de coeur et n'a pas été capable de revaloriser le pouvoir d'achat des Français, comme il l'avait promis. Alors qu'en juin 2008 il avait toutes les cartes en main (majorité au Sénat, à l'assemblée nationale, la moitié des conseils généraux, un premier ministre prêt à lui obéir), Sarkozy s'est contenté de quelques réformettes sur le droit fiscal et les heures supplémentaires, et quelques effets d'annonce sur le service minimum, la réforme des régimes spéciaux ou les peines plachers: de vagues mesurettes qui ne vont strictement rien changer. Les seules réformes poussées à bout sont celles qui vont dans le mauvais sens, comme le passage en force du Traité de Lisbonne. Sarkozy apparemment semble l'avoir compris, puisque juste après ces élections désastreuses il est allé inaugurer un sous marin nucléaire, le Terrible.
On remarquera en particulier que l'ouverture tant vantée n'aura servi à rien: Bockel a failli être battu, Urietta (UMP Gauche moderne) a été écrasé à Pau... De manière général, aucune personnalité de gauche n'a bien réussi, à l'exception de Besson dans son village. Cette ouverture aura surtout déstabilisé l'électorat de droite, qui ne comprenait pas trop pourquoi il fallait tant battre la gauche à l'échelle des villes alors que celle-ci était la bienvenue au gouvernement. Là aussi, Sarkozy semble l'avoir compris avec les nouvelles nominations: que des gens de la fausse droite, et sarkozistes.
La défaite de la fausse droite dans les grandes villes tient également à l'évolution sociologique: l'léecteur type parisien est un bobo aux revenus aisés, pro écologiste, solidaire, pro homosexuel. La fausse droite paye durement ses reculades sur les questions morales; à force d'avoir cautionné le PACS, de n'avoir pas fait de politique familiale, etc, elle en voit les conséquences.
Mais la défaite de la fausse droite ne devrait pas émouvoir outre mesure les sympathisants de la droite nationale; en effet, la tonalité des projets portés par l'UMP et la gauche se ressemblaient totalement. Dans les deux programmes, on retrouvait globalement les mêmes idées: des crèches, des espaces verts, un peu de solidarité, un soupçon de "démocratie participative", quelques promesses de financement aux associations. Rien en général sur la nécessaire lutte contre l'islamisation, le gaspillage, ou la nécessité d'assurer la sécurité.
Autre élément intéressant: la défaite totale des candidats choisis uniquement parce qu'ils sont des immigrés. Jean Claude Beaujour, candidat officiel de l'UMP dans un des arrondissements de Paris, a été pulvérisé par une dissidente de l'UMP. A Colombe, Rama Yade a été battue sèchement. Rachida Dati, parachutée dans le septième, a été contrainte à un second tour, n'ayant même pas réussi à capter 50% des voix dans un arrondissement où la droite avait pourtant fait 70% en 2001. Rachid Kaci à Nanterre a été balayé. Aminata Traoré, candidat UMP à Montreuil, ne figure même pas au deuxième tour.
Que les partis politiques, au lieu de se lancer dans la surenchère démagogique auprès des immigrés, prennent enfin en compte l'avis des Français de souche, fatigués d'être méprisés et insultés dans leur propre pays.
Un danger, toutefois, dans l'apparition de listes à caractère islamique. mme Faouzia Zebdi Ghorab se présentait à Nanterre, où elle obtint près de 5%, sur un programme consistant à réclamer le droit pour les femmes à se voiler, et à lutter contre l'islamophobie. Des listes du Parti des musulmans de France se sont présentées à Argenteuil et à Strasbourg, avec un programme visant à séduire exclusivement l'électorat musulman. Même si pour l'instant ces listes ont été des échecs, il n'empêche que tôt ou tard la communauté musulmane sera la première communauté électorale et des partis musulmans avec un poids politique important apparaîtront. De toute manière, les élus, UMP comme PS, ont pris en compte la dimension musulmane dans leur programme électoral.
Notons pour terminer ce texte écrit au fil de la plume et sans véritable construction, que l'abstention a été élevée. Quoi de plus étonnant? Les partis politiques annexes (qu'ils soient de la droite nationale ou d'extrême-gauche) sont confrontés à de multiples difficultés pour déposer leurs listes, et sons systématiquement marginalisés par le système UMPS; les listes restantes, UMP et PS, défendent les mêmes programmes, et s'arrangent pour contourner la décision du peuple Français à propos du Traité de Lisbonne. Dans ces conditions, de nombreux électeurs, par lassitude ou rejet du système, ont préféré s'abstenir en boycottant ces élections. Quel sera la légitimité d'un maire, élu avec 55% des voix des votants et avec 50% d'abstention?

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