mardi 1 janvier 2008

Interview de Nicolas Bay

Interview de Nicolas Bay : "Ce n'est pas Sarkozy président, c'est toujours Sarkozy candidat"
Minute - 26 décembre 2007

Secrétaire général du Mouvement national républicain (MNR) présidé par Bruno Mégret, Nicolas Bay a aussi fondé avec Jean-François Touzé (conseiller régional FN) l'association Convergences nationales. Il conduira une liste aux élections municipales à Sartrouville (Yvelines) dont il est conseiller municipal.

Minute : Par rapport à ce à quoi vous vous attendiez, avez-vous été surpris par les huit premiers mois du mandat de Nicolas Sarkozy ?

Nicolas Bay : On pouvait penser qu'il ferait un minimum de ce qu'il avait promis ; or ce n'est même pas le cas. Il en donne l'illusion en multipliant les annonces, mais elles ne sont pas suivies d'effets. Il continue ses gesticulations de campagne électorale. Ce n'est pas Sarkozy président, c'est toujours Sarkozy candidat.

Vous ne retenez aucune réforme à son crédit ?

La plupart des réformes qu'il a engagées sont des réformettes extrêmement mineures malgré les apparences et le battage médiatique. S'agissant par exemple des régimes spéciaux de retraite, l'alignement de la durée de cotisation pour tous à 40 ans ne doit pas masquer les aménagements et les avantages compensatoires qui sont en train d'être négociés et qui, dans la pratique, vont permettre aux privilégiés de le rester.

Ne s'attaque-t-il pas à l'immigration ?


La loi qu'il a fait voter organise une immigration dite '' choisie '', mais cette loi ne s'applique pas aux ressortissants de la plupart des pays d'immigration vers la France, pays avec lesquels notre pays a conclu des accords bilatéraux qui ont une valeur supérieure. C'est le cas notamment, excusez du peu, de l'Algérie, du Maroc, du Sénégal ! L'immigration choisie, c'est la préférence étrangère qui vient s'ajouter à la discrimination positive. J'en veux pour preuve que Sarkozy prévoit de faire entrer en France des médecins, des ingénieurs, des informaticiens sans prendre en compte leur pays d'origine et en jugeant de leur capacité d'assimilation sur leurs seules compétences professionnelles.

La lutte contre les clandestins se renforce...

Ah oui ? Sous Chirac, on expulsait 12 000 clandestins par an. Brice Hortefeux s'enorgueillit d'en avoir '' éloigné '' - le mot d'expulsion semble lui répugner - 18 000 en 2007 et prétend vouloir en '' éloigner '' 25 000 l'an prochain. Or tout cela est dérisoire ! Les chiffres officiels les plus optimistes font état de l'entrée de 150 000 immigrés clandestins en France chaque année. Vous noterez aussi que la France est le seul pays d'Europe où, non content de laisser entrer les clandestins, on les empêche de sortir ! Et la fermeture du camp de Sangatte n'a évidemment rien réglé.

Et dans le domaine économique ?

La seule mesure notable est la défiscalisation des heures supplémentaires, mais le dispositif est tellement complexe que la plupart des entreprises ne parviennent pas à le mettre en oeuvre ! Nicolas Sarkozy n'a réussi qu'un chose : compliquer un peu plus un Code du travail qui n'en avait vraiment pas besoin.

Vous ne devez pas tenir la signature du traité de Lisbonne pour un succès...

Pas précisément. Le refus de soumettre le '' mini traité européen '' à référendum - et le simple fait d'avoir négocié ce texte - est une véritable insulte au peuple français puisqu'il reprend la quasi-totalité des dispositions du traité constitutionnel rejeté par référendum en 2005. Pire encore : à la différence du traité constitutionnel, il n'a même pas l'avantage de simplifier les textes européens puisqu'il va s'ajouter au fatras des traités existants. Au moins, le traité constitutionnel refusé par les Français et les Néerlandais avait-il le mérite d'abroger et de remplacer les textes antérieurs.

Nicolas Sarkozy s'est fait élire sur la '' rupture '', une rupture avec les années Chirac notamment, que vous souhaitiez aussi. En voyez-vous des signes ?

La rupture n'a trouvé d'application que dans le seul domaine conjugal. Depuis son élection, Nicolas Sarkozy, qui a pourtant été élu avec les voix de la droite, et même de toutes les droites, s'est empressé d'ouvrir son gouvernement à la gauche en donnant des gages au politiquement correct avec les nominations de Bernard Kouchner, de Rachida Dati, de Fadela Amara ou de Rama Yade. On attendait un gouvernement, on a eu un casting. Le seul intérêt du remaniement annoncé est de l'ordre du '' people '' : qui sera ou non dans la saison 2 ?

Sarkozy président a-t-il tiré les leçons du bilan de Sarkozy ministre de l'Intérieur ?

Les émeutes de Villiers-le-Bel ont montré qu'aucune leçon n'a été tirée des émeutes de novembre 2005. Deux ans après et malgré des centaines de millions d'euros engloutis dans la politique de la ville, les banlieues françaises restent des zones de non droit où les barbares sévissent en toute impunité avec la complaisance du système et des médias. La mort de deux adolescents dans un accident de la route dont ils étaient fautifs a suscité bien plus d'émotion et de '' compassion '' que la mort épouvantable d'une jeune femme dans le RER, victime, elle, d'un meurtre commis par un turc, criminel récidiviste remis en liberté par un juge irresponsable.

Il y a maintenant les peines plancher...

Qui ne sont pas automatiques mais soumises à l'arbitraire des juges, de telle sorte que cela ne changera pas grand-chose. C'est cet arbitraire qui est le principal problème du système judiciaire et qui empêche une application rigoureuse et systématique du code pénal.

Comment voyez-vous la suite de son mandat ?


Le contraste va apparaître de plus en plus évident entre la mise en scène et le discours d'un côté et, de l'autre, la réalité d'une France qui souffre et qui décline, pendant que Sarkozy défrayera la chronique avec sa vie sentimentale. Notre pays mérite mieux que ça. C'est pourquoi la droite nationale doit s'organiser et se rassembler pour être capable d'incarner la vraie rupture et le renouveau... et être perçue comme telle par les Français.

Propos recueillis par Céline Pascot.

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